30 janv. 2011

Souvent j'y pense

Si tu vivais
tu viendrais jusqu'ici marcher avec moi sur les routes que j'ai cheminé sans toi.
Tu verrais avec mes yeux, tu aimerais avec mon coeur.
Tu trouverais à cette ville une grâce dont tu t'éprendrais sur l'instant.
Tu trouverais à cette vie une douceur que tu estimerais à ma hauteur.

Si tu étais là
tu lèverais les yeux au ciel et compterais avec moi tous ses replis, nommerais toutes ses couleurs.
Tu saurais les dessiner et m'en offrir les souvenirs.
Tu observerais la colline, la mouette, tout ce qui nous entoure, tu rêverais d'horizons et d'ascensions. 
Je te dirais peut-etre que c'est une simple histoire de fenêtre.
Et tu me croirais sans aucune question.

14 janv. 2011

Le grand incendie


Les lucioles se sont ébranlées et mises en marche.
Au son des cornemuses ouvrant la voie, elles ont lentement descendu la colline pour en rejoindre une autre, embrasant la grand-rue sur leur passage.
Parvenues au sommet, elles se sont immobilisées devant un bateau semblant s'être échoué par erreur sur ces hauteurs.
Sorties de la horde, quelques-unes ont jeté leurs bras de feu sur le bois sec de l'épave. Dans un craquement elle s'est dechirée, déchiquetée. A nue devant des milliers d'yeux se délectant de sa torture, fascinés par la lumière.
Puis ce fut l'heure d'enflammer le ciel. Alors les lucioles ont levé la tête et regardé la nuit prendre des couleurs d'arc-en-ciel. Pour chaque détonation les coeurs ont tremblé et résonné.
Finalement tout s'est éteint: le ciel, la colline, le bateau, les lucioles.
Et les ténèbres se sont faites recueillement.
Sur ces terres humides, l'année s'enterre dans un grand incendie.


Photos: Manuel B.