28 mai 2010

Vibrations

Juste à la sortie de la ville, il y a une chapelle. Elle se tient au milieu du vide. De l'extérieur, rien vraiment ne la distingue de ses semblables. Il faut entrer en son sein pour prendre la mesure de l'enchantement.

Elle est toute petite, et ses murs supportent le poids de centaine et centaine d'années. Sa peau toute entière est taillée, de scènes, de visages, de symboles. Chaque centimètre. Rien n'est nu. Lever ou baisser les yeux, tourner la tête, rien n'y fait. On ne peut pas y échapper. La chapelle entière parle, crie, par tous les pores de sa pierre.

On peut essayer de lire, de déchiffrer, de comprendre, mais c'est le sentiment qui s'accroche à nous en y posant le premier pied qui arrache tout sur son passage. Le coeur se serre et remonte au bord des yeux. Le ventre fourmille. On n'y peut rien. La bouche s'ouvre, ne se referme pas, pourtant ne laisse rien échapper. La parole retrouvée, on se prend à chuchoter. Pas question de réveiller les morts, ni les rêves, les légendes, les drames qui dorment en son coeur.

Le Saint Graal serait enterré dans ses entrailles, quelque part entre son sol et le centre de la Terre. Au plafond, des centaines de petits cubes taillés seraient les notes de musiques d'une partition qui, jouée dans le bon ordre, avec les bons instruments, permettrait d'y accéder. Bon nombre s'y sont essayés. Le Saint Graal est toujours en sécurité.

Dehors, le paysage s'est fondu autour de ce lieu de magie. Les arbres s'élèvent haut et forment autour d'elle comme une armée faisant rempart aux dangers du Monde.

Elle fut l'héroine d'un roman à succès. Elle est avant tout le personnage principal d'un immense et bel instant d'envoûtement.

27 mai 2010

Those who don't fear

Souvent, au milieu de la vie qui défile, on peut s'arrêter et observer les cygnes se pavaner langoureusement sur les pelouses. Rien ne vient les perturber. Pas une mouette, pas un canard, pas un passant n'ose les déranger. Ils sont les maitres des étangs. C'est reposant.

Les plus chanceux -ou les plus vifs?- vivent près du château royal, paisibles. Ils se sont choisis les plus belles terres, près des plus belles eaux. Ils sont insouciants et fiers.

Est-ce de savoir qu'ils ne risquent rien ?

La légende dit qu'au pays de la Reine, les Cygnes en sont ses sujets. Les blesser, les tuer, est un crime de lèse-majesté. La prison pour qui touche aux seigneurs des oiseaux, amours de sa Majesté depuis toujours.















Qu'il doit être doux être cygne en ce Royaume.

Photo: Manuel B.

24 mai 2010

Retour

Ici est un Monde qui remue le coeur mais accepte le ralenti. Ici est un Monde où calme et volupté vivent avec frénésie.

Si on était des poupées, la petite fille qui nous ferait vivre serait tout à la fois furieuse et apaisée. Dans son Monde, elle ferait que tout bouge avec passion, mais sans agitation. Elle construirait des maisons qui ne feraient pas d'ombre à son ciel. Elle rangerait un peu les voitures et remplirait les trottoirs. L'atmosphère serait vive et paisible. Si on était des poupées, la petite fille qui nous ferait aimer serait rêveuse et possessive. Dans son Monde elle mettrait des délices pour nous amadouer. Elle soulèverait la Terre pour en faire des collines, y planterait des colonnes, des phares et des couleurs fantasques pour qu'on ne veuille plus la quitter. 
Si on était des poupées, la petite fille qui nous ferait vibrer se demanderait comment c'est dans les autres Mondes. Et nous les petites voix, de tout en bas, nous lui crierions de ne surtout rien changer.

Loin d'ici pour un temps, c'est à cette petite fille que je pense en revenant chez moi.

21 mai 2010

Smily face

Croisé à Glasgow, au cours de l'ascension d'un phare, un batîment qui souriait.
Lequel faisait de l'oeil à l'autre ?

18 mai 2010

Mon coeur en chemin

Je promène mon coeur à travers les rues. Il vit et se nourrit des petites et grandes choses qui lui rappellent qu'il n'est pas tout à fait chez lui. Il lui arrive des aventures à mon coeur ébahi... Il bondit sur le capot d'une voiture qui n'arrive pas du bon coté. Il frissonne quand il croise une fille d'ici si court dévêtue. Il se fait tout petit devant les églises qui s'étalent sur les trottoirs. Les nuées d'uniformes à la sortie des écoles l'amusent autant que l'étonnent. Il s'émeut du bout d'horizon aperçu au coin d'une rue, entre deux hautes maisons. Il vibre devant ce si joli rayon de soleil, posé là, à cet endroit, et qui fait une si jolie lumière. La ville est un terrain de jeu pour mon coeur en voyage.

Mon coeur, comment vis-tu la ville ? Déjà les noms des rues ne te sont plus inconnus, certains endroits te sont familiers. Tu reconnais ton chemin. Il n'y a pas si longtemps, tu te sentais si perdu. Prudent, tu sais que ce n'est que le début. Que de ce Monde on ne t'a pas tout dit et tu n'as pas tout vu. Plus tard tu te souviendras de ces instants où chaque jour était une découverte, et tu frémiras de nostalgie en imaginant que le Paradis voudrait que ça reste toujours ainsi.

17 mai 2010

Good Morning Sunshine

La rue dans laquelle je vis porte un nom qui sourit. Dans la langue du pays, il sonne comme un rire: Morningside. On l'a trouvé si joli que tout le quartier en a pris possession.
Longtemps j'ai cherché le Sud, à tout heure, à tout prix...je découvre ici avec plaisir qu'à l'Est aussi, tout est illuminé.

Un bonheur n'arrive jamais seul, tous les chemins mènent désormais à notre île. 'Morningside Road, by the clock' pour own private abracadabra, et comme par magie, le taxi nous conduit droit jusqu'à la porte du lit.


The Fairy Clock donc...

14 mai 2010

More than the City

Ma ville est une ville de légendes. Ses fantômes hantent les nuits. En les effleurant, on peut entendre les murs chuchoter les vies qu'ils ont traversées.

Ma ville est une ville de pavés. Ils résonnent des milliers de pas qui ont foulé la terre. Dessous, pas de plage, mais de si vieilles histoires...

Ma ville est une ville de secrets. Derrière les grilles, des jardins des merveilles. Et dans le dédale de ruelles étroites, des labyrinthes qu'on imagine imaginés pour le pays d'Alice.

Ma ville est une ville de feu. Cernée de volcans plus anciens que le Monde, les torrents de lave qu'ils ont tant crachés en ont dessiné ses courbes et ses creux.

Ma ville est une ville de magie. Les écoles, lourdes et obscures, abritent les apprentis sorciers. Lorsqu'ils font leurs devoirs, il pleut des pétales roses sur le bitume.

12 mai 2010

The Variable Skies

Le ciel souvent se coupe en deux. Bleu plus loin, noir au-dessus de nos têtes. L'inverse parfois. Mais la pluie toujours au milieu.

Ce n'est pas un ciel, c'en sont des. Les cieux changeants. Nous les chanceux, vivons avec la certitude qu'ils finiront par nous tomber sur la tête, dans un énorme vacarme de nuages, de tonnerre, de pluie et de vent. Une tempête de cieux. Cela doit être bien joli.

Lorsque le soleil se lève, chez moi c'est l'euphorie. Par toutes les fenêtres il entre et promet un jour heureux. Une orgie de rayons au petit-déjeuner, et c'est le monde entier qu'on est prêt à affronter.

Mais le soleil ici se lève un jour sur deux. Comme moi, souvent il préfère rester couché. A notre nez et à notre barbe, il se cache au chaud dans sa couette de nuages. Confortable, c'est certain. On a même baissé la lumière pour mieux le bercer. Matins chagrins pour soleil paresseux. Il finit toujours par se lever. Il a des responsabilités. Ce sont les nuages qui partent alors se coucher. Et tant pis pour eux s'il lui faut l'éclatante lumière pour briller.

A la fin de sa journée lorsqu'il disparaît, les cieux se parent de rose, de rouge, d'orange, comme on pose un foulard sur une lampe...un tendre hommage à son existence.

10 mai 2010

D'après suggestion

Cotton Candy Trees
Bruntsfield Links

Au premier jour, l'herbe était pâle, les montagnes se revêtaient de blanc et les arbres étaient nus. Aujourd'hui les fleurs dorent au soleil, des bouquets de coton rose se suspendent aux branches et le  monde est multicolore.
Ici comme ailleurs, les couleurs changent avec les saisons. Ici plus qu'ailleurs, elles me parlent du temps qui passe et de ma lente adaptation.

6 mai 2010

Small Revolution

Je ne vois pas la mer mais je sais qu'elle est là, tapie dans l'ombre des collines. Elle est partout et nulle part. Parfois, en haut d'une rue entre deux immeubles, on en voit un bout. Le plus souvent, il n'y a que ses symptômes : le vent, les mouettes. Mais elle existe, belle, et bien. Il suffit d'aller voir son front, au doux nom italien...

Portobello.

Quelques mètres de plage de sable et aucun relief, détail inconcevable pour cette île. La mer est plate, incroyablement plate. La promenade promène autour d'elle une atmosphère surannée. Villas anciennes, salles de jeux d'un autre temps, pontons défraichis et camions de glaces donnent au tableau un air de photo jaunie par le temps.

Les jours de soleil, tout s'anime. Le sable ne peut plus respirer. Le ciel est saturé d'objets volants rarement identifiés. La promenade s'est métamorphosée, et c'est tout Deauville qui s'est installé aux portes de mon île.
Dans l'eau cependant, ni ombre ni âme. La mer reste de glace aux oeillades amoureuses du soleil, qui pourtant brille de toutes ses forces pour se faire remarquer.

Il y a une piscine au bord de la mer. Elle ne dépareille pas dans le paysage tant elle semble d'un autre siècle. Sur la terrasse au premier étage, on peut tourner le dos à l'eau salée et contempler le bassin. Douce consolation pour ceux qui vivent si au nord du Monde.

 J'habite au bord de la mer, et ça change tout.

3 mai 2010

Coming here, I fell in love with the Hills.

Partie quelques jours, ce sont les collines, ma colline, qui m'ont manqué. 

Elle s'appelle Blackford Hill. Nous lui avons rendu visite, grimpé sur son dos, vu de près ses traits que nous croyions pourtant déjà si familiers. Nous sommes allés voir ce qu'elle voyait de nous.
Elle a une vue imprenable sur la mer et sur le château. Elle fait face à la plus haute et la plus vieille des collines, celle qui abrite le siège d'Arthur. Toutes les deux, elles doivent avoir de longues conversations nocturnes.
Ce ne sont pas des jonquilles qui la recouvrent, mais de petits arbustes aux fleurs jaunes. Son herbe est moelleuse sous les pieds. Le vent souffle si fort à son sommet qu'on manque de tomber si on s'approche trop près du bord. Comme si elle préfèrait nous chasser et rester seule.
De l'existence de notre fenêtre, elle n'a aucune idée...

Et moi je la trouve encore plus belle.







Arthur's seat












Away, the sea







Photos: Manuel B.