18 nov. 2015

Et contre tout




Ce matin, comme une explosion, le ciel rouge sang dans l'interstice du rideau.
Moment de panique et longues secondes pour atteindre la fenêtre et comprendre. Le ciel n'est pas en train de mourir. Pas aujourd'hui. Pas cette fois. C'est le soleil, juste le soleil, qui se réveille aussi. Vite, prendre une photo. Se recoucher en surveillant du coin de l'oeil l'entre-rideaux.

En sept battements de cils, toutes les couleurs s'évaporent en un gris blafard et banal. Où va donc le soleil lorsqu'il sort de scène ? L'imaginer prendre ses affaires et retourner se coucher, drapé dans sa fierté. Épuisé par tant d'efforts pour faire vibrer le ciel presqu'indifférent, découragé par la victoire des nuages, dégouté par l'avancée inéluctable de l'obscurité sur sa lumière. Penser à ça en se rendormant, pour ne pas penser au chaos et à la dévastation.

Ce matin, comme un chagrin, le gris a encore gagné du terrain.
Se dire que la lumière est de plus en plus difficile à traquer, qu'elle se terre pour rester en vie, mais que dans toutes les interstices, il nous faut continuer de la chercher. Continuer de nous lever pour en attraper les quelques secondes dont nous saurons nous rappeler chaque nouvelle fois que le noir, aveugle et sourd, voudra nous engloutir tout entier.