18 déc. 2010

D'un trait

La vie a commencé ce matin.
Finalement.

Soudain tout est différent.
Les visages croisés, les routes traversées,
se teintent de lumières inédites.
La vitesse a changé, le monde passe en accéléré.
Les yeux presque fermés, il n'est plus temps de rêvasser.
Tendue vers une destination qui n'est plus inconnue, avancer.

Demain, il restera  une légère curiosité.
Dans quelques jours il semblera que la vie n'a jamais été autrement.

S'adapter, vite.

 

3 déc. 2010

De grands frissons

Les illuminations sont déjà en place. Le soir venu, l'obscurité s'éclaire des lumières de fête foraine. La grande roue tourne et tourne et tourne sans fin. Les monuments brillent comme des sapins de Noël et les châteaux semblent, davantage que les autres jours encore, avoir été dessinés pour les paysages de contes de fées.

Et comme si l'Univers voulait bien insister, une épaisse couche de blanc couvre désormais la terre, comme si la ville avait pris un immense bain moussant pendant la nuit et s'était réveillée au petit matin, trempant encore dans l'eau tiède.

Le calendrier est pourtant à peine entamé!


     
Photo Manuel B.

16 nov. 2010

Ne pas oublier,

se répéter comme une prière :

Le jour ne meurt pas lorsque tout devient noir.
La nuit tombe, nous restons debout.
Même dans la pénombre, les fées nous observent.
Il faut continuer de vivre.

3 nov. 2010

Plus haut que terre

Cela fait des jours que le doux soleil d'automne dore les arbres alanguis. Des jours que la lumière rougeoie, que le ciel ne bouge pas. C'est la saison où la morsure du froid n'a pas détruit toute trace de vie, mais où déjà la mort rôde. La saison pour explorer au dehors des frontières du Monde connu.
A nos jambes douloureuses les nouvelles ascensions !
A nos yeux éblouis les nouveaux horizons !
A nos nez rougis les nouvelles inspirations !
A nos coeurs galopants les nouvelles vibrations !
Des jours que le gris ne vient pas. Instant en suspens. Octobre durera bien encore le temps de la descente.

Pentland Hills

Photo: Manuel B.

23 oct. 2010

Toute une histoire

Elle est sortie plus tôt que prévu. Elle a frissonné en prenant la première gifle de vent sur ses joues encore chaudes. L'air était frais mais le jour était là. Il y aurait peut-être du soleil.
Elle est montée dans le bus qui arrivait juste. Tant pis pour le café, elle le prendra plus tard. Là bas?
Elle s'est assise à l'étage, au premier rang, à sa place préférée, mystérieusement toujours libre pour elle. Elle met cela sur le compte des fées. Tout est encore calme. Mais bientôt les écoliers envahiront l'espace de leur bruyante agitation, suivis des touristes qui trébucheront dans l'escalier lorsque le bus redémarrera brusquement. Elle sait exactement à quels arrêts.
Comme toujours elle sort un livre de son sac. Comme toujours c'est un livre pour enfants. Aux adultes qui lui demandent pourquoi, elle répond comme une évidence "Parce que c'est doux". Elle tait qu'elle préfère les mots d'enfants aux maux des grands.  Elle traverse la ville et autour d'elle les passagers montent et descendent, certains sourient de sa lecture. Elle, est déjà loin.
Elle connaît la route par coeur, les yeux fermés elle sait exactement où le bus se trouve. Elle reconnait chaque tournant, chaque accélération. De temps en temps, elle lève la tête pour vérifier qu'elle a raison. Comme un petit jeu avec elle-même. Et elle n'oublie jamais de regarder par la fenêtre quand elle passe près du château. Parce que quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit, quelle que soit l'humeur du ciel, la triomphante demeure des rois diffuse sa magie, et se salue d'un coup d'oeil et d'un sourire.  
Elle descend au terminus, après un voyage qui lui a semblé durer une vie entière. A peine sortie, elle sent déjà pourquoi elle a fait tout ce chemin. Encore quelques mètres, et devant elle la mer, enfin.

18 oct. 2010

Interstice

Le jour s'est finalement levé à trois heures de l'après-midi. Le ciel a retrouvé sa couleur naturelle et les façades des immeubles se sont enflammées sous les rayons d'un soleil déjà couchant.

Les signes ne trompent pas.

Dans l'air somnolent les odeurs du bouleversement : l'herbe qui n'a plus le temps de sécher, les feuilles jaunies piétinées sur le bitume, la pluie qui n'est pas tombée depuis des heures et qui soudain...laissant derrière elle ce parfum singulier, madeleine de tant de promeneurs partageant brusquement une même envie pressante de chocolat chaud et de plaid sur les épaules.
Dans les arbres encore à demi vêtus, c'est le grand incendie.
Les collines ont tourné au vert foncé au contact incessant de l'eau. On guette les signes des premières neiges aux sommets. Elles ne devraient plus tarder, les oiseaux ne chantent presque plus et les mouettes se sont éloignées.
La nuit prend chaque soir par surprise, non sans avoir auparavant offert une vraie sortie de scène au jour. Chaque fois plus courte, chaque fois plus tôt, pourtant d'une saisissante efficacité, toujours.

Tout est en place.

Cet après-midi l'automne. Demain déjà, l'hiver.

8 oct. 2010

Projection

Au cinéma de ma fenêtre, on passe le film des ombres.
Sur grand écran, la lumière joue à chat avec les toits. A l'orée du soir, le noir prend des formes mouvantes qui jurent avec le jaune cru du soleil qui s'en va.
Mur gris sur ciel gris, et cette lumière qui hurle de toutes ses forces "regardez moi !". Ca ne dure qu'un instant, un instant seulement, mais comment ne pas l'entendre?

21 sept. 2010

Ceux qui vivent

C'est un homme entre deux âges qui pêche au filet du haut de North Bridge. Il sait bien que l'eau n'y est plus depuis presque toujours. Mais on ne change pas de longues habitudes. Il ne remonte jamais qu'un peu d'air, parfois un morceau de nuage tombé du ciel. Cela n'a plus d'importance. Tous les jours, il vient, il en a besoin. C'est son quotidien. Jamais à la même heure que la veille, vieille technique apprise auprès des anciens pour tromper ses proies. On n'est jamais trop prudent.

Personne ne sait depuis quand il s'est installé sur ce pont, lui non plus. Il y a longtemps qu'il a tout oublié. Seuls ses gestes sont restés. Il les a tant répetés. Déplier le lourd filet usé par le temps et par le vent. L'empoigner par les deux bouts. Prendre une longue respiration. Bander les bras et contracter le ventre. Soulever d'un geste vif et sûr l'attirail pour le jeter par-dessus bord. Bien tenir pour ne pas le laisser tomber bêtement sur les rails. Et attendre. Lorsqu'il est temps, tirer très fort sur les mailles pour le faire remonter - c'est le seul homme au monde capable de percevoir le signe invisible, muet, inodore que la pêche est finie. Vérifier qu'il ne s'y trouve rien, recommencer.

Les gens de la ville se sont habitués à sa présence, devenue rassurante au fil du temps: le vieux loup est sur son pont, c'est que le Monde tourne rond. Les questions viennent surtout des touristes, il n'y a qu'eux pour oser s'approcher. On tente une conversation. Mais l'homme parle une langue aussi obscure que l'est son occupation. Une langue de vieux marin, aux 'r' roulants comme des vagues hargneuses sur sa langue sablonneuse. Ici on ne l'a jamais compris, il a appris à se taire. Son silence construit son mystère, son visage buriné, sa légende. Bientôt, les magasins de souvenirs auront fait de lui des aimants et des tasses pour les cuisines de ces curieux, qui en prennent aujourd'hui des photos qu'ils colleront dans leurs albums près de celles du château, de la colline, des bus rouges... 'Edimbourg pittoresque'.

On ne saura jamais vraiment si un jour seulement le pêcheur de North Bridge a eu de la chance. Si ces heures passées sur ce pont sous lequel ne coulent plus que des trains auront eu raison de la raison pure. Cette question qui n'appelle pas de réponse fait de cette vie une poésie.

16 sept. 2010

Ensuite, rien.

Au détour de ruines, c'est le bleu bouleversant du ciel qui m'a trouvée.
Autour du vide se tenait cette fenêtre qui ne donne sur rien.
Le néant et l'infini du ciel, à l'abri derrière une vitre invisible.

A quelques pas du présent bouillonnant, les pierres déclament en choeur leur poésie aux âmes attentives. Mais dans l'ombre de la colline grandiose, la grande Histoire paraît toute petite.
Presque en s'excusant elle nous rappelle que nous ne sommes pas les premiers à fouler la terre.

Les larmes que nous inspire cette révélation ne viennent ni de la désillusion, ni de l'orgueil. Seulement de cette fenêtre au milieu du vide, qui ne donne sur rien que le néant et l'infini du ciel, un passé qui prend à la gorge et étrangle la voix.  

Je n'ai pas pu m'empêcher de faire un signe de la main, derrière la vitre invisible.
Qui sait...

Holyrood Abbey

7 sept. 2010

Tomorrow hurts

Ça fait mal comme un lendemain de fête. Les invités sont partis, les hôtes se réveillent avec la gueule de bois. On est fatigué, on n'a pas envie. Il faut bien pourtant nettoyer toutes les pièces de la maison dévastée. On se connait suffisamment pour savoir que si ce n'est pas fait dès maintenant, ce ne le sera jamais. Et notre cocon dérangé, on ne le supporte pas. Alors on prend sur soi. Ravalée son envie de dormir, son envie de vomir, on se lance sans une pensée.

Nous sommes les somnambules aux visages de morts vivants. Nous investissons les moindres recoins, nous sommes de tous les grains de poussière, derrière chaque détail qui dépasse. Malgré nos yeux à demi fermés, rien n'échappe à notre attention. Tout doit revenir à son état initial.

Ceux qui sont restés sages alors que nous tournions à la folie passent et nous dépassent aujourd'hui aussi vite que possible, presque sans nous voir. Et lorsque nos regards par erreur se croisent, on peut lire dans les leurs autant de dédain que de compassion. Leur en vouloir, ce serait comme regretter que la Terre entière ne nous aide pas alors qu'elle n'était pas invitée.

Notre famille est nombreuse, il ne nous faut que peu de temps pour que la maison reprenne ses airs d'avant.
Fiers du travail accompli, nous gagnons dignement nos lits. Alors que nous rattrapons ces jours et ces nuits sans sommeil,  la vie normale reprend ses droits. Bientôt nous la rejoindrons, avec la légèreté qu'ont ceux qui ont vécu de grandes et belles histoires.

26 août 2010

II

Metamorphosis.
Qu'il est difficile de la reconnaître tant elle est transformée, déformée, défigurée.
En son coeur gonflé des milliers d'âmes venues du Monde chercher un air de majesté,
qui se déversent et dégoulinent le long des trottoirs saturés.
Marée qui ne cesse de monter.

Metamorphosis.
Toute entière elle transpire la folie, la passion, la déraison.
En son coeur, chaque pas est une occasion, d'approcher, de séduire, de clamer, de rêver, de gueuler, de piétiner, de rire, de découvrir, d'apprécier, de noter, de revenir.
Chaque nuit est une fête de tonnerres rutilants où le ciel crépusculaire s'illumine de mille éclaboussures.

Metamorphosis,
n'a d'effrayant que le nom, de terrible que la façon, d'envahissant que la soudaine apparition.
Metamorphosis,
n'a rien d'irréversible.
Demain, bientôt, elle retrouvera sa forme et son nom.
En son coeur pour quelque temps, il n'y aura plus qu'un trou béant.
Puis ces trente jours et trente nuits deviendront des sourires, minuscules et lointains points au fond de nos souvenirs...

20 juil. 2010

Metamorphosis

Elle arrive.
La ville entière bruisse de sa rumeur,
Elle est dans toutes les bouches,
Chacun se prépare à son avènement.

Bientôt, la métamorphose.

16 juil. 2010

L'illusion du Monde

Je l'ai déjà dit, mais le phénomène ne cesse de me surprendre. Le monde ici a le don de pouvoir disparaître quand bon lui semble. Un regard ailleurs, une nuit qui passe, et lorsqu'on y revient c'est comme s'il n'avait jamais existé. Facétieux, il profite de nos moments d'inattention pour filer et nous laisser là à se demander si on l'a rêvé.

D'abord il y a des formes, des hauteurs, des ombres, des reliefs. Puis dans un silence profond et presque en un instant, une épaisse chappe de plomb plus légère que l'air tombe de haut et vient s'écraser de toute sa blancheur sur les trois dimensions de la terre. Ne laissant plus à voir qu'un à-plat d'une couleur éblouissante autant qu'opaque. Comme si le peintre, mécontent de ce qu'il avait dessiné, recouvrait toute sa toile pour recommencer. Plus rien à distinguer, sinon ce qu'on peut atteindre de la main.

Au loin, la masse semble immobile. Elle est en réalité toujours en mouvement, bel et bien vivante. Derrière la fenêtre, passent sous nos yeux des trainées vaporeuses détachées du tout, pareilles à des spectres hantant les cieux. Assis sur son canapé, on se retrouve comme à bord de l'avion qui traverse les nuages pour se rapprocher du soleil. Débarrassé de l'irrationnelle angoisse de la chute, on passe de longues minutes à observer à travers le hublot, essayer de deviner les contours de la Terre et trouver des repères.

Glacial et désespérant un 14 juillet, on ne peut pas s'empêcher de penser qu'il y a bien un peu de prodige dans ce numéro.

12 juil. 2010

Turner sûrement était écossais...


J'aimerais tant être peintre.
Reproduire les vibrantes couleurs, immanquablement ternies
par la pesanteur de mes mots.
Ou photographe.
Attendre et capturer l'instant parfait,
qui d'un seul regard permettrait de saisir le propos,
magie qu'en vain je tente de jeter sur le papier.  

Photo: A. B.

8 juil. 2010

La traversée de la nuit

Aujourd'hui la nuit tarde à venir. L'heure avance, pourtant la lumière ne montre aucun signe de faiblesse. Lorsqu'enfin elle se lasse, tout s'éteint.
Alors les ombres des immeubles s'élèvent comme des géants dans la nuit bleue marine. Les voix deviennent des cris et les sons claquent comme des gifles dans les rues qui voudraient tant dormir. Les collines qui nous encerclent disparaissent et se confondent avec le ciel, remparts invisibles aux invasions nocturnes. Du haut de son piédestal à la lumière éternelle, le château est le phare des noctambules qui déambulent à la recherche de leurs points de chute. Sur les bancs des arrêts de bus, les sans-sommeils attendent avec mélancolie leur délivrance prochaine. Les mouettes ne sont plus qu'un lointain souvenir, et la mer une idée vague.
L'aurore approchant, les nuances commencent doucement de réapparaître. La lumière reprend ses droits et ses quartiers, méthodiquement, tranquillement. Laissant à nos regards le temps de l'apprivoiser, de revenir de ce lointain voyage aux pays des ombres.
La nuit laisse sans violence place au jour, car elle sait que très bientôt les rôles s'inverseront. Bientôt elle deviendra Reine et prendra toute la place. A la clarté, elle ne laissera que des miettes. A peine assez pour survivre quelques heures...

28 juin 2010

Pour quelques heures d'aventure...

Firth of Forth   

Prendre la mer, naviguer entre deux terres. S'étonner du bateau vieillissant. Prier si fort le ciel qu'il ne change pas de visage. Chercher les phoques. Se pencher par-dessus bord pour presque toucher l'eau. Retenir son geste face aux méduses, armée d'ampoules marines incandescentes.
Poser le pied sur une île grande comme un jardin anglais. Entrer dans un royaume qui n'appartient qu'aux mouettes. Ne plus s'entendre penser. Résonner des hurlements de ces oiseaux moqueurs, symphonie désacordée, cacophonie.
Redevenir des enfants et jouer entre les murs d'une abbaye moyenâgeuse, le dédale de sa pierre comme spectaculaire terrain de jeu. Grimper l'escalier le plus petit de la Terre. Découvrir l'horizon et s'en étourdir. Tourner sur soi pour ne rien rater du spectacle. Se cacher dans les caveaux, traverser les souterrains. Epier la mer à travers des carrés de roches, fenêtres d'un temps révolu. Prendre un chemin et revenir sur ses pas. Tenter d'explorer, ou simplement d'avancer. Reculer devant les oiseaux mères couvant leurs petits. Abandonner face aux mâles, preux défenseurs de leurs terres.
Attendre sans patience le vaisseau fantôme. Se prendre à craindre vaguement l'oubli. Surveiller discrétement les mouettes au sommet de leurs donjons végétaux.
Souffler en laissant la plage s'éloigner. Partager un léger sentiment d'échappée belle, mais presque simultanément désirer ardemment y revenir. Chercher les phoques et les méduses. Remercier le ciel de n'avoir rien tenté. Apercevoir l'autre rive et la ville. Prendre du recul et se souvenir de ce qu'on était venu chercher : l'image lointaine de l'univers qui nous voit vivre.

 Inchcolm Island
 Photos: Manuel B.

24 juin 2010

Les bonnes décisions

Tout près de chez moi, un immense parc étale ses pelouses sous les fenêtres des maisons qui le bordent. Des poumons verts semblables à celui-ci, il y en a aux quatre coins de la ville. Quelle apparence peuvent-ils bien avoir l'hiver, recouverts de givre et de neige, les arbres nus? Quoi qu'il en soit, dès le printemps et jusqu'à la fin de l'été j'imagine, ils sont de petits paradis rapidement envahis.

Aux premiers rayons de soleil, les êtres se précipitent à l'assaut de l'herbe moelleuse et s'y installent comme sur une plage, les serviettes bien étalées, le pique-nique à portée de la main, et les lunettes de soleil sur le nez.

Si on regardait la scène du haut d'un pont ou du ciel, ça ferait comme une multitude de points qu'il faudrait relier pour en faire un dessin.

Nous, pareils aux autres, profitons de cette respiration à la moindre occasion. Installés à l'endroit précis où l'ombre jamais ne nous atteindra avant que le soleil ne disparaisse, nous voici alanguis, profitant de la douceur du jour finissant. Et l'on se prend à penser que notre place vaut de l'or, qu'on ne l'échangerait pas pour tout celui du monde, et que bien nous en a pris de décider de venir vivre ici.
Oui elle est belle notre vie.

17 juin 2010

Présentation

Je suis tombée amoureuse de cette ville, comme j'aurais pu être frappée par la foudre, sans avoir eu le temps de comprendre. Et à l'instar de tout nouvel amour, parce qu'on ne peut pas le garder pour soi toujours, je redoute l'instant où il faudra la présenter.

Et si on ne l'aimait pas ? Si on ne l'aimait pas autant que moi ?

Moi je l'aime pour la quiétude autant que la vie qu'elle respire. J'aime le vert de ses tableaux et les reliefs de ses courbes et creux. J'adore les couleurs de ses cieux. Ses parfums, atrappés au passage, sont les créateurs de mes sourires instantanés. Je préfère mille fois me perdre que de passer à côté des mystères dont elle abonde. Enfin, je chéris sa lumière qui change au gré du jour, et offre une atmosphère à nul autre pareil...

Alors lorsqu'il s'agit de la faire découvrir, me voilà de nouveau rougissante et fébrile. Je tremble à l'idée qu'on ne voit rien de tout cela. Pire, qu'on ne comprenne pas pourquoi j'y tiens tant, après si peu de temps. Je ne devrais pourtant jamais douter d'elle ni de son don d'envoûtement. Elle a, jusqu'à présent, toujours fait excellente impression !

J'en suis au temps de la passion. Je sais que cela ne durera qu'un moment. Ensuite viendra celui de la tendresse et de l'amour profond.

9 juin 2010

Fuite

Hier, à l'heure où la nuit ne devrait plus tarder, le ciel est bel et bien tombé.
Dans sa chute il a tout emporté.
Ne restait plus rien que ce lourd manteau blanc recouvrant tout ce que porte la Terre.
Et la colline, de nouveau, a pris la fuite, échappant ainsi au ciel de plomb.
Disciplinée, elle est revenue ce matin. Peut-être sait-elle que je me languis d'elle ?   
Ma fenêtre est si vide lorsqu'elle n'est plus là, la vue si triste...

8 juin 2010

The Doors

C'est si facile de se perdre. Un regard en l'air, un détour au hasard, et c'est comme si on passait une frontière. Edimbourg regorge de mondes parallèles, petites îles désertes plantées au coeur d'un océan frémissant, qu'on aurait maîtrisé.

Maitrisées mais pas domptées, ces îles sont bien cachées et aucune carte ne les signale jamais. On ne peut pas les chercher. Heureusement, elles sont aimantées. Pour les trouver, il suffit de se laisser attirer. Ne pas s'effrayer. Surtout, ne pas vouloir savoir où tout ça va nous mener.

Au creux d'une de ces îles, si la chance nous a gâté, on trouve le labyrinthe. Une artère le traverse tout entier et de ses flancs s'échappent les rues qui se mêlent, s'emmêlent, se lacent et s'entrelacent, dessinant le dense réseau de ses veines nourricières.

Dans chacune d'entre elles, des portes, et des portes et des portes...couleur d'arc-en-ciel.
Quelques marches pour y accéder, c'est si tentant de les pousser. On s'imagine les maisons de poupées et les Robinson Crusoé qui respirent derrière ces écrans colorés.

On a envie de choisir sa couleur, comme on choisit son pion, et de décider 'c'est celle-ci ma maison'...
Sur mon île, en haut de l'escalier, ma porte est rouge, of course.

3 juin 2010

La fille d'à côté

Parce qu'elle n'a rien à faire, elle décide de tout refaire.
Parce qu'elle n'a rien à faire, elle réapprend à vivre. Aux terrasses des cafés elle regarde passer les gens et s'en fait des histoires. Elle se dit 'la vie passe, et moi je reste là'. C'est bien comme ça.
Parce qu'elle n'a rien à faire, elle réapprend à marcher et à se perdre. Plus d'objectifs, plus de cibles. Des envies, juste. Elle réapprend à rêver, à divaguer. Elle se laisse bercer.
Parce qu'elle n'a rien à faire, elle réapprend à écouter, sa tête, la musique urbaine, les sons du jour et le chant de la nuit. Elle s'en remplit la mémoire. 
Parce qu'elle n'a rien à faire, elle se laisse faire. Et parce qu'il faut du temps pour tout réapprendre, elle réapprend à prendre son temps. Elle a tout compris.
Parce que je n'ai rien à faire, il m'arrive d'y songer...  Un jour je serai elle, j'aurai un peu de sa légéreté, et toute sa liberté.

1 juin 2010

Demain l'orage

C'est un jour sans splendeur et le ciel pleure sa mélancolie
Qu'elle est lourde cette tristesse.

28 mai 2010

Vibrations

Juste à la sortie de la ville, il y a une chapelle. Elle se tient au milieu du vide. De l'extérieur, rien vraiment ne la distingue de ses semblables. Il faut entrer en son sein pour prendre la mesure de l'enchantement.

Elle est toute petite, et ses murs supportent le poids de centaine et centaine d'années. Sa peau toute entière est taillée, de scènes, de visages, de symboles. Chaque centimètre. Rien n'est nu. Lever ou baisser les yeux, tourner la tête, rien n'y fait. On ne peut pas y échapper. La chapelle entière parle, crie, par tous les pores de sa pierre.

On peut essayer de lire, de déchiffrer, de comprendre, mais c'est le sentiment qui s'accroche à nous en y posant le premier pied qui arrache tout sur son passage. Le coeur se serre et remonte au bord des yeux. Le ventre fourmille. On n'y peut rien. La bouche s'ouvre, ne se referme pas, pourtant ne laisse rien échapper. La parole retrouvée, on se prend à chuchoter. Pas question de réveiller les morts, ni les rêves, les légendes, les drames qui dorment en son coeur.

Le Saint Graal serait enterré dans ses entrailles, quelque part entre son sol et le centre de la Terre. Au plafond, des centaines de petits cubes taillés seraient les notes de musiques d'une partition qui, jouée dans le bon ordre, avec les bons instruments, permettrait d'y accéder. Bon nombre s'y sont essayés. Le Saint Graal est toujours en sécurité.

Dehors, le paysage s'est fondu autour de ce lieu de magie. Les arbres s'élèvent haut et forment autour d'elle comme une armée faisant rempart aux dangers du Monde.

Elle fut l'héroine d'un roman à succès. Elle est avant tout le personnage principal d'un immense et bel instant d'envoûtement.

27 mai 2010

Those who don't fear

Souvent, au milieu de la vie qui défile, on peut s'arrêter et observer les cygnes se pavaner langoureusement sur les pelouses. Rien ne vient les perturber. Pas une mouette, pas un canard, pas un passant n'ose les déranger. Ils sont les maitres des étangs. C'est reposant.

Les plus chanceux -ou les plus vifs?- vivent près du château royal, paisibles. Ils se sont choisis les plus belles terres, près des plus belles eaux. Ils sont insouciants et fiers.

Est-ce de savoir qu'ils ne risquent rien ?

La légende dit qu'au pays de la Reine, les Cygnes en sont ses sujets. Les blesser, les tuer, est un crime de lèse-majesté. La prison pour qui touche aux seigneurs des oiseaux, amours de sa Majesté depuis toujours.















Qu'il doit être doux être cygne en ce Royaume.

Photo: Manuel B.

24 mai 2010

Retour

Ici est un Monde qui remue le coeur mais accepte le ralenti. Ici est un Monde où calme et volupté vivent avec frénésie.

Si on était des poupées, la petite fille qui nous ferait vivre serait tout à la fois furieuse et apaisée. Dans son Monde, elle ferait que tout bouge avec passion, mais sans agitation. Elle construirait des maisons qui ne feraient pas d'ombre à son ciel. Elle rangerait un peu les voitures et remplirait les trottoirs. L'atmosphère serait vive et paisible. Si on était des poupées, la petite fille qui nous ferait aimer serait rêveuse et possessive. Dans son Monde elle mettrait des délices pour nous amadouer. Elle soulèverait la Terre pour en faire des collines, y planterait des colonnes, des phares et des couleurs fantasques pour qu'on ne veuille plus la quitter. 
Si on était des poupées, la petite fille qui nous ferait vibrer se demanderait comment c'est dans les autres Mondes. Et nous les petites voix, de tout en bas, nous lui crierions de ne surtout rien changer.

Loin d'ici pour un temps, c'est à cette petite fille que je pense en revenant chez moi.

21 mai 2010

Smily face

Croisé à Glasgow, au cours de l'ascension d'un phare, un batîment qui souriait.
Lequel faisait de l'oeil à l'autre ?

18 mai 2010

Mon coeur en chemin

Je promène mon coeur à travers les rues. Il vit et se nourrit des petites et grandes choses qui lui rappellent qu'il n'est pas tout à fait chez lui. Il lui arrive des aventures à mon coeur ébahi... Il bondit sur le capot d'une voiture qui n'arrive pas du bon coté. Il frissonne quand il croise une fille d'ici si court dévêtue. Il se fait tout petit devant les églises qui s'étalent sur les trottoirs. Les nuées d'uniformes à la sortie des écoles l'amusent autant que l'étonnent. Il s'émeut du bout d'horizon aperçu au coin d'une rue, entre deux hautes maisons. Il vibre devant ce si joli rayon de soleil, posé là, à cet endroit, et qui fait une si jolie lumière. La ville est un terrain de jeu pour mon coeur en voyage.

Mon coeur, comment vis-tu la ville ? Déjà les noms des rues ne te sont plus inconnus, certains endroits te sont familiers. Tu reconnais ton chemin. Il n'y a pas si longtemps, tu te sentais si perdu. Prudent, tu sais que ce n'est que le début. Que de ce Monde on ne t'a pas tout dit et tu n'as pas tout vu. Plus tard tu te souviendras de ces instants où chaque jour était une découverte, et tu frémiras de nostalgie en imaginant que le Paradis voudrait que ça reste toujours ainsi.

17 mai 2010

Good Morning Sunshine

La rue dans laquelle je vis porte un nom qui sourit. Dans la langue du pays, il sonne comme un rire: Morningside. On l'a trouvé si joli que tout le quartier en a pris possession.
Longtemps j'ai cherché le Sud, à tout heure, à tout prix...je découvre ici avec plaisir qu'à l'Est aussi, tout est illuminé.

Un bonheur n'arrive jamais seul, tous les chemins mènent désormais à notre île. 'Morningside Road, by the clock' pour own private abracadabra, et comme par magie, le taxi nous conduit droit jusqu'à la porte du lit.


The Fairy Clock donc...

14 mai 2010

More than the City

Ma ville est une ville de légendes. Ses fantômes hantent les nuits. En les effleurant, on peut entendre les murs chuchoter les vies qu'ils ont traversées.

Ma ville est une ville de pavés. Ils résonnent des milliers de pas qui ont foulé la terre. Dessous, pas de plage, mais de si vieilles histoires...

Ma ville est une ville de secrets. Derrière les grilles, des jardins des merveilles. Et dans le dédale de ruelles étroites, des labyrinthes qu'on imagine imaginés pour le pays d'Alice.

Ma ville est une ville de feu. Cernée de volcans plus anciens que le Monde, les torrents de lave qu'ils ont tant crachés en ont dessiné ses courbes et ses creux.

Ma ville est une ville de magie. Les écoles, lourdes et obscures, abritent les apprentis sorciers. Lorsqu'ils font leurs devoirs, il pleut des pétales roses sur le bitume.

12 mai 2010

The Variable Skies

Le ciel souvent se coupe en deux. Bleu plus loin, noir au-dessus de nos têtes. L'inverse parfois. Mais la pluie toujours au milieu.

Ce n'est pas un ciel, c'en sont des. Les cieux changeants. Nous les chanceux, vivons avec la certitude qu'ils finiront par nous tomber sur la tête, dans un énorme vacarme de nuages, de tonnerre, de pluie et de vent. Une tempête de cieux. Cela doit être bien joli.

Lorsque le soleil se lève, chez moi c'est l'euphorie. Par toutes les fenêtres il entre et promet un jour heureux. Une orgie de rayons au petit-déjeuner, et c'est le monde entier qu'on est prêt à affronter.

Mais le soleil ici se lève un jour sur deux. Comme moi, souvent il préfère rester couché. A notre nez et à notre barbe, il se cache au chaud dans sa couette de nuages. Confortable, c'est certain. On a même baissé la lumière pour mieux le bercer. Matins chagrins pour soleil paresseux. Il finit toujours par se lever. Il a des responsabilités. Ce sont les nuages qui partent alors se coucher. Et tant pis pour eux s'il lui faut l'éclatante lumière pour briller.

A la fin de sa journée lorsqu'il disparaît, les cieux se parent de rose, de rouge, d'orange, comme on pose un foulard sur une lampe...un tendre hommage à son existence.

10 mai 2010

D'après suggestion

Cotton Candy Trees
Bruntsfield Links

Au premier jour, l'herbe était pâle, les montagnes se revêtaient de blanc et les arbres étaient nus. Aujourd'hui les fleurs dorent au soleil, des bouquets de coton rose se suspendent aux branches et le  monde est multicolore.
Ici comme ailleurs, les couleurs changent avec les saisons. Ici plus qu'ailleurs, elles me parlent du temps qui passe et de ma lente adaptation.

6 mai 2010

Small Revolution

Je ne vois pas la mer mais je sais qu'elle est là, tapie dans l'ombre des collines. Elle est partout et nulle part. Parfois, en haut d'une rue entre deux immeubles, on en voit un bout. Le plus souvent, il n'y a que ses symptômes : le vent, les mouettes. Mais elle existe, belle, et bien. Il suffit d'aller voir son front, au doux nom italien...

Portobello.

Quelques mètres de plage de sable et aucun relief, détail inconcevable pour cette île. La mer est plate, incroyablement plate. La promenade promène autour d'elle une atmosphère surannée. Villas anciennes, salles de jeux d'un autre temps, pontons défraichis et camions de glaces donnent au tableau un air de photo jaunie par le temps.

Les jours de soleil, tout s'anime. Le sable ne peut plus respirer. Le ciel est saturé d'objets volants rarement identifiés. La promenade s'est métamorphosée, et c'est tout Deauville qui s'est installé aux portes de mon île.
Dans l'eau cependant, ni ombre ni âme. La mer reste de glace aux oeillades amoureuses du soleil, qui pourtant brille de toutes ses forces pour se faire remarquer.

Il y a une piscine au bord de la mer. Elle ne dépareille pas dans le paysage tant elle semble d'un autre siècle. Sur la terrasse au premier étage, on peut tourner le dos à l'eau salée et contempler le bassin. Douce consolation pour ceux qui vivent si au nord du Monde.

 J'habite au bord de la mer, et ça change tout.

3 mai 2010

Coming here, I fell in love with the Hills.

Partie quelques jours, ce sont les collines, ma colline, qui m'ont manqué. 

Elle s'appelle Blackford Hill. Nous lui avons rendu visite, grimpé sur son dos, vu de près ses traits que nous croyions pourtant déjà si familiers. Nous sommes allés voir ce qu'elle voyait de nous.
Elle a une vue imprenable sur la mer et sur le château. Elle fait face à la plus haute et la plus vieille des collines, celle qui abrite le siège d'Arthur. Toutes les deux, elles doivent avoir de longues conversations nocturnes.
Ce ne sont pas des jonquilles qui la recouvrent, mais de petits arbustes aux fleurs jaunes. Son herbe est moelleuse sous les pieds. Le vent souffle si fort à son sommet qu'on manque de tomber si on s'approche trop près du bord. Comme si elle préfèrait nous chasser et rester seule.
De l'existence de notre fenêtre, elle n'a aucune idée...

Et moi je la trouve encore plus belle.







Arthur's seat












Away, the sea







Photos: Manuel B.

29 avr. 2010

De l'usage du bus

Je viens d'un endroit où l'on voyage sous terre.

Sur cette île, c'est derrière les vitres d'un immense char rouge que les paysages défilent. Assise à ma place favorite, celle d'où je domine la Terre et touche presque le Ciel, je ré-apprends à naviguer.
Du haut de mon trône, que seule l'escalade permet d'atteindre, je découvre une nouvelle perspective. Je ne vois plus les visages, je vois les crânes,  les chapeaux, les cheveux de toutes les couleurs. Je ne vois plus les grilles des villas victoriennes, j'en vois les étages, meubles, lustres et tableaux. Je ne vois plus les arbres, je les touche presque alors que leurs branches viennent s'écraser sur la vitre.
Davantage que dans le wagon de tête de montagnes russes, j'ai la sensation d'être à la proue d'un bateau.
Si le ciel est gris, que le vent souffle et que les gouttes de pluie s'abattent sur la vitre violemment, alors je suis Pirate. A la recherche de grands trésors, reniflante mais le sabre haut.
Et quand le soleil brille de tous les feux, que le ciel ne laisse rien paraitre et que l'air s'est apaisé, je suis Princesse voguant vers un monde joli, le sourire aux lèvres.

Sur mon navire flamboyant, chaque jour est une aventure.

26 avr. 2010

The Sound and the Fury

Les bruits de la ville nouvelle, à l'oreille sonnent comme une langue étrangère, au fort accent de lieux reculés.

Il y a le chant des mouettes, toujours. Comme une symphonie qui ne sonne pas juste dans un monde urbain. Elles hurlent en plein coeur de la ville, et tout à coup c'est la mer qui s'agite et emporte tout avec elle.

Il y a le vent encore, qui souffle si fort. Il s'engouffre partout et laisse le monde emplie d'un bourdonnement assourdissant. Il fait bouger les murs, il réveille les fantômes, il empêche d'avancer et donne la folle envie aux filles d'avoir les cheveux courts. Il est le maître des lieux, il domine tous les élèments.

Il y a les "r" roulés dans les bouches. Il y a l'air expiré par la cornemuse, objet inattendu au coin d'une rue. Il y a le courrier qui tombe lourdement sur le parquet les jours de chance. Il y a la conversation des oiseaux la nuit, quand rien ne bouge...

Il y a enfin les sirènes hurlantes des voitures portant gyrophares, ramenant si soudainement à la réalité.

Je sais que le jour où je ne serai plus surprise de ce concert cacophonique, alors je serai d'ici, comme j'ai été d'autres ailleurs. Et tant qu'il continuera de m'émouvoir ou de me faire sourire ou de me faire peur, alors je serai à ma place.

23 avr. 2010

Avertissement

Vu dans le jardin de la Dean Gallery, le Musée d'art moderne d'Edimbourg.
Nous voilà prévenus...

21 avr. 2010

Une histoire de fenêtre

De ma fenêtre je vois une colline, qui change au gré des jours qui passent. Le premier jour, blanche, blanche de cette neige qui se pose là où on ne l'attend pas. Le deuxième jour, elle était brune, le brun de la terre. Aujourd'hui elle est jaune jonquille, florale, printanière.
Parfois elle disparait. Comme chaque matin, coup d'oeil par la fenêtre, surprise, il n'y a plus rien. Elle a pris la fuite pendant la nuit. Elle ne reviendra que le lendemain matin. Soulagement.
Elle est belle la colline, elle vit au jour le jour.

De ma fenêtre, je vois une mouette. Elle se pose tous les jours, inlassablement, sur la cheminée d'en face. Tous les jours, comme on irait s'assoir sur un banc. Droite. Fière. Elle nous observe. Déjà tenté de l'intimider du regard. Elle ne sourcille pas. Elle s'en va quand il n'y a plus rien à voir. Elle ne perd pas de temps, et elle n'a pas de patience. Lorsque le ciel blanchit, on ne voit plus que son bec et le bout de ses ailes.

C'est le cinéma de ma fenêtre.