29 avr. 2010

De l'usage du bus

Je viens d'un endroit où l'on voyage sous terre.

Sur cette île, c'est derrière les vitres d'un immense char rouge que les paysages défilent. Assise à ma place favorite, celle d'où je domine la Terre et touche presque le Ciel, je ré-apprends à naviguer.
Du haut de mon trône, que seule l'escalade permet d'atteindre, je découvre une nouvelle perspective. Je ne vois plus les visages, je vois les crânes,  les chapeaux, les cheveux de toutes les couleurs. Je ne vois plus les grilles des villas victoriennes, j'en vois les étages, meubles, lustres et tableaux. Je ne vois plus les arbres, je les touche presque alors que leurs branches viennent s'écraser sur la vitre.
Davantage que dans le wagon de tête de montagnes russes, j'ai la sensation d'être à la proue d'un bateau.
Si le ciel est gris, que le vent souffle et que les gouttes de pluie s'abattent sur la vitre violemment, alors je suis Pirate. A la recherche de grands trésors, reniflante mais le sabre haut.
Et quand le soleil brille de tous les feux, que le ciel ne laisse rien paraitre et que l'air s'est apaisé, je suis Princesse voguant vers un monde joli, le sourire aux lèvres.

Sur mon navire flamboyant, chaque jour est une aventure.

26 avr. 2010

The Sound and the Fury

Les bruits de la ville nouvelle, à l'oreille sonnent comme une langue étrangère, au fort accent de lieux reculés.

Il y a le chant des mouettes, toujours. Comme une symphonie qui ne sonne pas juste dans un monde urbain. Elles hurlent en plein coeur de la ville, et tout à coup c'est la mer qui s'agite et emporte tout avec elle.

Il y a le vent encore, qui souffle si fort. Il s'engouffre partout et laisse le monde emplie d'un bourdonnement assourdissant. Il fait bouger les murs, il réveille les fantômes, il empêche d'avancer et donne la folle envie aux filles d'avoir les cheveux courts. Il est le maître des lieux, il domine tous les élèments.

Il y a les "r" roulés dans les bouches. Il y a l'air expiré par la cornemuse, objet inattendu au coin d'une rue. Il y a le courrier qui tombe lourdement sur le parquet les jours de chance. Il y a la conversation des oiseaux la nuit, quand rien ne bouge...

Il y a enfin les sirènes hurlantes des voitures portant gyrophares, ramenant si soudainement à la réalité.

Je sais que le jour où je ne serai plus surprise de ce concert cacophonique, alors je serai d'ici, comme j'ai été d'autres ailleurs. Et tant qu'il continuera de m'émouvoir ou de me faire sourire ou de me faire peur, alors je serai à ma place.

23 avr. 2010

Avertissement

Vu dans le jardin de la Dean Gallery, le Musée d'art moderne d'Edimbourg.
Nous voilà prévenus...

21 avr. 2010

Une histoire de fenêtre

De ma fenêtre je vois une colline, qui change au gré des jours qui passent. Le premier jour, blanche, blanche de cette neige qui se pose là où on ne l'attend pas. Le deuxième jour, elle était brune, le brun de la terre. Aujourd'hui elle est jaune jonquille, florale, printanière.
Parfois elle disparait. Comme chaque matin, coup d'oeil par la fenêtre, surprise, il n'y a plus rien. Elle a pris la fuite pendant la nuit. Elle ne reviendra que le lendemain matin. Soulagement.
Elle est belle la colline, elle vit au jour le jour.

De ma fenêtre, je vois une mouette. Elle se pose tous les jours, inlassablement, sur la cheminée d'en face. Tous les jours, comme on irait s'assoir sur un banc. Droite. Fière. Elle nous observe. Déjà tenté de l'intimider du regard. Elle ne sourcille pas. Elle s'en va quand il n'y a plus rien à voir. Elle ne perd pas de temps, et elle n'a pas de patience. Lorsque le ciel blanchit, on ne voit plus que son bec et le bout de ses ailes.

C'est le cinéma de ma fenêtre.