20 juil. 2010

Metamorphosis

Elle arrive.
La ville entière bruisse de sa rumeur,
Elle est dans toutes les bouches,
Chacun se prépare à son avènement.

Bientôt, la métamorphose.

16 juil. 2010

L'illusion du Monde

Je l'ai déjà dit, mais le phénomène ne cesse de me surprendre. Le monde ici a le don de pouvoir disparaître quand bon lui semble. Un regard ailleurs, une nuit qui passe, et lorsqu'on y revient c'est comme s'il n'avait jamais existé. Facétieux, il profite de nos moments d'inattention pour filer et nous laisser là à se demander si on l'a rêvé.

D'abord il y a des formes, des hauteurs, des ombres, des reliefs. Puis dans un silence profond et presque en un instant, une épaisse chappe de plomb plus légère que l'air tombe de haut et vient s'écraser de toute sa blancheur sur les trois dimensions de la terre. Ne laissant plus à voir qu'un à-plat d'une couleur éblouissante autant qu'opaque. Comme si le peintre, mécontent de ce qu'il avait dessiné, recouvrait toute sa toile pour recommencer. Plus rien à distinguer, sinon ce qu'on peut atteindre de la main.

Au loin, la masse semble immobile. Elle est en réalité toujours en mouvement, bel et bien vivante. Derrière la fenêtre, passent sous nos yeux des trainées vaporeuses détachées du tout, pareilles à des spectres hantant les cieux. Assis sur son canapé, on se retrouve comme à bord de l'avion qui traverse les nuages pour se rapprocher du soleil. Débarrassé de l'irrationnelle angoisse de la chute, on passe de longues minutes à observer à travers le hublot, essayer de deviner les contours de la Terre et trouver des repères.

Glacial et désespérant un 14 juillet, on ne peut pas s'empêcher de penser qu'il y a bien un peu de prodige dans ce numéro.

12 juil. 2010

Turner sûrement était écossais...


J'aimerais tant être peintre.
Reproduire les vibrantes couleurs, immanquablement ternies
par la pesanteur de mes mots.
Ou photographe.
Attendre et capturer l'instant parfait,
qui d'un seul regard permettrait de saisir le propos,
magie qu'en vain je tente de jeter sur le papier.  

Photo: A. B.

8 juil. 2010

La traversée de la nuit

Aujourd'hui la nuit tarde à venir. L'heure avance, pourtant la lumière ne montre aucun signe de faiblesse. Lorsqu'enfin elle se lasse, tout s'éteint.
Alors les ombres des immeubles s'élèvent comme des géants dans la nuit bleue marine. Les voix deviennent des cris et les sons claquent comme des gifles dans les rues qui voudraient tant dormir. Les collines qui nous encerclent disparaissent et se confondent avec le ciel, remparts invisibles aux invasions nocturnes. Du haut de son piédestal à la lumière éternelle, le château est le phare des noctambules qui déambulent à la recherche de leurs points de chute. Sur les bancs des arrêts de bus, les sans-sommeils attendent avec mélancolie leur délivrance prochaine. Les mouettes ne sont plus qu'un lointain souvenir, et la mer une idée vague.
L'aurore approchant, les nuances commencent doucement de réapparaître. La lumière reprend ses droits et ses quartiers, méthodiquement, tranquillement. Laissant à nos regards le temps de l'apprivoiser, de revenir de ce lointain voyage aux pays des ombres.
La nuit laisse sans violence place au jour, car elle sait que très bientôt les rôles s'inverseront. Bientôt elle deviendra Reine et prendra toute la place. A la clarté, elle ne laissera que des miettes. A peine assez pour survivre quelques heures...