16 juil. 2010

L'illusion du Monde

Je l'ai déjà dit, mais le phénomène ne cesse de me surprendre. Le monde ici a le don de pouvoir disparaître quand bon lui semble. Un regard ailleurs, une nuit qui passe, et lorsqu'on y revient c'est comme s'il n'avait jamais existé. Facétieux, il profite de nos moments d'inattention pour filer et nous laisser là à se demander si on l'a rêvé.

D'abord il y a des formes, des hauteurs, des ombres, des reliefs. Puis dans un silence profond et presque en un instant, une épaisse chappe de plomb plus légère que l'air tombe de haut et vient s'écraser de toute sa blancheur sur les trois dimensions de la terre. Ne laissant plus à voir qu'un à-plat d'une couleur éblouissante autant qu'opaque. Comme si le peintre, mécontent de ce qu'il avait dessiné, recouvrait toute sa toile pour recommencer. Plus rien à distinguer, sinon ce qu'on peut atteindre de la main.

Au loin, la masse semble immobile. Elle est en réalité toujours en mouvement, bel et bien vivante. Derrière la fenêtre, passent sous nos yeux des trainées vaporeuses détachées du tout, pareilles à des spectres hantant les cieux. Assis sur son canapé, on se retrouve comme à bord de l'avion qui traverse les nuages pour se rapprocher du soleil. Débarrassé de l'irrationnelle angoisse de la chute, on passe de longues minutes à observer à travers le hublot, essayer de deviner les contours de la Terre et trouver des repères.

Glacial et désespérant un 14 juillet, on ne peut pas s'empêcher de penser qu'il y a bien un peu de prodige dans ce numéro.

1 commentaire:

  1. Madame l'Illusionniste a encore frappé avec en plus des oxymorons.
    25 blogs en 4 mois BRAVO

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