6 sept. 2014

Festival


Parce que nous sommes des êtres de rien. Ceints par la ville, noyés parmi les âmes.
Parce que nous sommes des êtres de néant, anonymes et furieux.
Parce que la rue nous avale, les hauts murs nous dévorent.
Parce que dans la foule si dense, qui danse, qui se fout de demain et de tout, qui nous reconnaitra?

Au pub qui fait le coin de la rue pavée, les corps se pressent, les voix montent. Personne ne s'écoute. Accoudé au bar, ce comédien qui n'a plus d'âge. Tout le monde le connait, aucun ne le voit. Dans la main, un verre de whisky qu'on a du mal à finir, la solitude. Le bois qui grince, les rires qui fusent. Ça sent la bière, ça pue la pluie. On vous resserre? Merci. Ça tient à peine debout. Ça veut dormir, c'est prêt à vomir. Demain, ça voudra mourir.

Elle est jolie.
Ça essaye de parler et ça grommelle. Trouver ce mot qui rime avec beauty. Sweety? Tristesse. Ça rentrera seul ce soir. Bien sûr. Reprendre un verre pour fêter cette douce certitude.

Dehors la pluie tombe drue et froide. Les feux d'artifices embrasent le ciel. Il est presque minuit. Ca tangue, il s'agrippe à son bar. Tous les étés il vient se perdre ici, se mêler aux milliers d'autres qui viennent vivre. Mais les trente jours et trente nuits sont passés.

À l'aube les ciels seront vides et nous finirons seuls. Avec nos idées sombres et nos envies d'en découdre. Avec qui? Ceux qui ne sont pas d'ici seront partis. Resteront les décombres, nos corps fatigués et nos âmes engourdies.

Lui mettra ses lunettes noires, s'ébrouera pour chasser son mal de crâne et montera dans le train sans se retourner. Décompte. Plus que 335 nouveaux jours à tenir.

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