23 oct. 2014

Renaître les fantômes

Pénombre tamisée, tu n'as allumé que la petite lampe. Le fauteuil est douillet, il fait bon, il est à peine tard. Sur la platine tourne le morceau que tu aimes tant. Le son du piano, rauque, brut et ces coups de pédales martelés résonnent dans la pièce et dans ta tête.
Tu rêves, tu divagues, en regardant par la fenêtre muer les ciels, passer les couleurs. Tu comptes les nuages en attendant la nuit qui tarde à venir. C'est l'heure bleue.
Le piano se fait langoureux, tu penses à cette femme que tu n'as plus vu depuis si longtemps. Elle était belle. Elle était merveilleuse.
Le piano gronde, tu essayes de te rappeler l'odeur de sa peau, le goût de son cou, la chaleur de ses yeux.
Face B. Tu fermes les yeux, cherches ses courbes et ses creux. Le piano vibre, te voilà le coeur plein, le ventre électrique.
Tu ne l'attendais pas, le pianiste de génie est allé la chercher pour toi. Dans le noir de ta mémoire, elle guettait ses respirations etouffées comme un appel juste susurré.
Sur le vinyl, les mains du musicien terminent leur danse improvisée. Elle est assise près de toi et regarde avec toi le ciel devenir encre.

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